À ce rythme, on peut estimer que la parité ne sera pas atteinte avant 2041

L’étude Parité derrière la caméra fait partie du corpus d’études chiffrées établies et portées par le Collectif 50/50 afin de mettre en lumière de manière concrète l’état des lieux des inégalités de genre dans l’industrie du cinéma et de l’audiovisuel en France. Débutée en 2018 et mise à jour annuellement sur la base des données communiquées par le CNC, elle a permis au cours des 7 dernières années de prendre conscience de l’étendue des inégalités entre les réalisateurs et leurs consoeurs dans le cinéma français, et d’appuyer les initiatives institutionnelles visant à faire évoluer l’industrie vers plus d’inclusion et d’égalité. 

Pour ce qui est de la mise en production des films en France, nous faisions l’an dernier le constat qu’elle concernait des réalisateurs dans plus de 70%, et qu’à ce rythme on ne pouvait pas espérer atteindre la parité avant au moins 2041.

Cette année, la tendance reste injuste avec des chiffres stagnants en dessous de la barre des 30% pour les films réalisés par des femmes en France, et des évolutions non significatives que ce soit pour les films de fiction, les documentaires ou les films d’animation.

Tout comme en 2023, 2024 ne voit toujours aucune femme à la tête de la plus grosse production de l’année : Luc Besson se voit allouer un budget de 45,2 m€ pour Dracula ; tandis que le plus gros budget attribué à une réalisatrice est de 15,5 m€ (Noémie Saglio pour Natacha (presque) hôtesse de l’air). Ce différentiel s’inscrit dans la continuité des dix dernières années, où l’on observe, pour les films réalisés par des femmes, des budgets inférieurs d’en moyenne au moins un quart à ceux réalisés par des hommes. L’écart se creuse même en 2024 avec des devis en moyenne 38% inférieurs, alors que cet écart était de 23% en 2023. 

Pour ce qui est du bonus parité, mis en place en 2019 à l’initiative du Collectif 50/50, après une belle augmentation lors des premières années de lancement, on observe une stagnation depuis 2022 autour de 35% du nombre de films remplissant les critères pour être éligible. C’est toujours, et de loin, les réalisatrices qui remplissent cette année les critères pour y avoir accès. Parmi les hommes qui ont réalisé un film en 2024, seulement 16% ont su composer une équipe de chef.fe.s de postes paritaire leur permettant d’être éligible au bonus. On peut y voir une corrélation, les hommes ayant accès à des budgets plus conséquents, l’attraction d’un bonus financier peut avoir moins d’effet pour les inciter à composer des équipes paritaires ? Peut-être aussi est-ce la conséquence de l’effet boys club que nous dénoncions déjà l’an passé. 

Pour appuyer ce point, nous vous invitons à consulter notre autre étude annuelle sur les che.fe.s de postes des films français sortis en 2024 qui fait état d’une plus forte tendance à la parité dans les équipes lorsque la réalisation est entre les mains d’une femme (38% de cheffes de postes en moyenne sur les films de réalisatrices, 47,5% lorsque la réalisation est mixte femme-homme).